Histoire d'un trajet de bus de nuit en Thaïlande

Hier, nous visitons le quartier de Sukhumvit à Bangkok avec ses grands centres commerciaux. L'objectif est de trouver une tablette 7 pouces à nos invités. Objectif atteint dans le premier magasin d'informatique visité :-) En plus, on peut même se faire rembourser la TVA de 7% à l'aéroport. L'après-midi est consacré à la configuration de la tablette et à un dernier plouf dans la piscine. Vers 16h, on se met en route pour le terminal des bus du sud de la ville, notre bus pour Krabi est à 20h, on n'est pas en retard, lol !

Je voulais vous raconter comment se passe un trajet de bus de nuit en Thaïlande, mais sachez que cela ne diffère pas beaucoup dans les autres pays d'Asie du sud-est.

Tout d'abord, le terminal de bus est toujours à pétaouchnok les oies, donc vous partez bien à l'avance pour être sûr d'être à l'heure. Vous arrivez bien trop tôt au terminal des bus et donc vous en faites 10 fois le tour. Il n'y jamais ou rarement de places assises pour patienter, donc vous "zonez" dans le terminal. Comme la vendeuse des tickets de bus vous a bien recommandé de venir une heure en avance, vous êtes bête et discipliné et rappliquez une heure avant. Sachez que ça ne sert strictement à rien, votre bus se mettant en place 20mn avant le départ... Puis vous vous mettez en quête de la plateforme numéro x figurant sur votre ticket de bus. Pour cela, vous traversez tout un hall, descendez, passez un contrôle de billets, traversez encore un genre de plateforme couverte, descendez encore une fois, et enfin, arrivez dans une espèce de fournaise puant les gaz d'échappement des 95 bus garés moteurs allumés sur des emplacements numérotés. Vous cherchez votre bus, qui parfois est là quand vous arrivez, sinon vous patientez debout sac au dos dans la fournaise en subissant les cris incessants de la "madame je gueule dans le porte-voix pour annoncer les bus". Enfin, votre bus est arrivé, vous donnez les sacs au gars qui est dans la soute à bagages et qui se gratte les pieds ou la tête entre chaque rangement de sac, et vous filez dans le bus à la recherche de votre place (ne cherchez pas une quelconque logique dans la numérotation des sièges, y'en n'a pas). Vous attendez patiemment que tout le monde s'installe et que le bus parte.

C'est là que les choses commencent vraiment, on attaque la première partie du voyage. D'abord, si vous avez de la chance, vous disposez d'une tablette et vous y avez enregistré au préalable quelques films. Prévoyez un bon casque couvrant le bruit incessant des haut-parleurs du bus, diffusant des séries asiatiques genre soap à deux balles. Si vous êtes chanceux, votre tablette vous permettra peut-être de visionner deux voire trois films. Si vous êtes encore plus chanceux, vous pourrez ensuite utiliser un PC portable, digne de ce nom, qui vous permettra de continuer à voir d'autres films. Je vous rappelle, pour ceux qui ont suivi les péripéties de notre PC, que nous ne pouvons plus l'utiliser sans prise à proximité, donc dans le bus, c'est mort. Vous avez déjà passé quelques heures, il est temps d'essayer de dormir. Tout d'abord, vous essayez environ 43 positions différentes, donc vous vous tournez et retournez dans tous les sens, mais sachez que quoi que vous fassiez, y'a toujours un accoudoir pour vous faire mal quelque-part (dos, cuisse, fesse). Quoi que vous fassiez, la place prévue pour vos jambes est prévue pour une taille de thaï et non d'occidental, pareil pour la largeur du siège d'ailleurs. Donc, peu importe votre position, vous serez coincé, vous aurez mal aux genoux, vous aurez vite des fourmis dans les pieds, vous deviendrez dingue. Finalement, après essai des 43 positions, vous en revenez à la première, droit comme dans un cercueil. Puis vous commencez à penser à tout et rien, les flashs des lumières du dehors vous rappelant que vous ne parviendrez sûrement pas à vous assoupir. Parfois, par miracle, vous parvenez tout de même à vous assoupir un peu. Mais ce n'est que de courte durée car vers 1h du matin, vous vous prenez un néon blanc bien éblouissant en pleine gueule, vous savez, les néons blancs infâmes de l'hôpital ?! Eh ben ce sont les mêmes. Le bus s'arrête, monsieur l'hôtesse de bus vous crie un truc incompréhensible dans les oreilles, tout le monde descend, pause repas !!! 

Vous en profitez pour aller aux toilettes car pour y aller dans le bus, faut s'appeler superman :-) Surtout vous ne touchez à rien dans les toilettes, tout est infecté. Surtout vous n'essayez pas de vous laver ensuite les mains au robinet car l'eau rouge qui en sort n'est pas prévue pour. Vous récupérez votre super sachet surprise avec un jus de fruits chimique et un genre de gâteau immonde, et vous remontez dans le bus. Attention, il y a environ 35 bus identiques garés les uns à côté des autres, donc ne vous trompez pas remontant ! Sinon vous vous retrouverez à Trang plutôt qu'à Krabi.

La deuxième partie du voyage peut commencer. Ouf, ces néons blancs infectes sont éteints. Vous recommencez donc à essayer vos 43 positions, ne vous souvenant plus de celle qui semblait la moins inconfortable :-( Vous en trouvez une après 2 heures, et là commence la partie secousses. Eh oui, rares sont les routes sans trou et bosses... Donc vous ne parvenez pas à dormir car vous êtes secoué comme un prunier. Vers 6h du matin, si ce n'est pas 4h, re-néon dans la gueule, on vous enlève votre couverture, le bus arrive, il est temps de descendre. Vous vous frayez un passage dans la foule de rabatteurs de taxi et tuk tuk, qui vous hurlent "taxi, tuk tuk !!!!" dessus. Vous récupérez vos sacs et vous ne rêvez que d'une chose : dormir !!!!